Le préféré des Américains

De l'autre côté de l’Atlantique, on chasse aussi le pilet ; et le même que chez nous! Car il se reproduit aussi en Amérique du Nord. Ce canard tout à fait commun est l'un des préférés des chasseurs américains.    

Sur certaines zones de l'Est il est commun lors des migrations : Les chasseurs utilisent alors des appeaux imitant le pantail et des formes identiques aux nôtres; il ne leur reste plus a espérer ce jour-là que les ducks soient unlimited .....

 

25 000 Hivernants en France

Dans le monde, le pilet se reproduit essentiellement en Russie, en Islande et en Finlande. En Europe, c’est en Irlande, au Danemark, aux Pays-Bas et en Allemagne que les effectifs nicheurs sont les plus importants, avec environ 500 couples par an et par pays. La France comptabilise quant à elle chaque année une dizaine de couple que l’on retrouve en baie de Somme, dans le bassin d’Arcachon, en Bretagne du sud et dans la Manche.

Les pilets démarrent tôt leur migration, dès le mois d’août. En général la migration dure jusqu’en décembre.

L’espèce n’est pas très sensible aux chutes de température et reste fidèle à ses sites d’hivernage. Le nombre d’oiseaux hivernant en France est de 12 000 à 15 000 oiseaux et atteint 25 000 en cas de vague de froid. On le rencontre de la Somme à la Gironde, le long du littoral, dans le golfe du Morbihan, la baie de l’aiguillon et le bassin d’Arcachon, mais également en baie de Somme, dans l’estuaire de la Seine, la baie des Veys et la baie de St-Brieux. Ce canard fait preuve d’un grégarisme élevé puisque 50 % de la population de la région Nord-Ouest de l’Europe s’observe sur seulement 13 sites, abritant chacun plus de mille oiseaux. Comme la sarcelle d’été, une partie importante des pilets rejoint l’Afrique de l’Ouest. En janvier, on y comptait 450 000 pilets, soit plus que le cumul des populations nord-ouest européennes et mers noire et Méditerranée. Actuellement la population sur cette zone  serait estimé à un million d’oiseaux, ce qui prouverait une hausse des effectifs mais que l’o,n explique pas encore.

 

Il n'y a pas de chasse spécifique au canard pilet, car c'est avant tout un gibier de passage. Néanmoins, si vous chassez sur le littoral, vous augmentez vos chances d'en voir. Le pilet (anas acuta) est un canard barboteur qui se nourrit de végétaux et de graines et qui préfère les estuaires, tant pour sa migration que pour son hivernage : ce canard aime le dégagement! Sa méfiance quasi légendaire n'est pas erronée : il arrive tard le soir à la passée se pose en fond de mare à la hutte et décolle avant les levées d'étangs.

 

A la nuit tombée...

 

Alors comment le chasser ?

Hormis en Camargue, site d'importance nationale, les chances de voir des pilets lors des levées d'étangs sont faibles. Ce canard fuit au moindre mouvement ou bruit et à tendance à se cantonner plutôt dans les marais proches de la mer où les levées d'étangs sont rares. Sur le Domaine public fluvial dans l'Ouest de la France, on le rencontre plus fréquemment; sur la Loire, vers Angers, de nombreux pilets ont été observés pendant les crues la saison dernière jusqu'en décembre.

 

A la passée, le pilet est un canard que l'on voit lors des passages alors que les oiseaux en hivernage sont beaucoup plus discrets. David Guerin, de la Fédération des chasseurs de la Manche, remarque lors des comptages qu'il effectue à la passée du soir, que le pilet est assez peu représenté. Il vient lorsque la nuit est déjà tombée, et fréquente aussi les herbus en mer comme zones de gagnage.

         


 

 


La silhouette fine de l'oiseau, son long cou et sa queue effilée permettent une reconnaissance rapide et aisée. Comme le colvert il est difficile de percevoir le battement de ses ailes. En revanche, le mâle siffle parfois en vol, et ses krô-krô ressemblent au cri du mâle sarcelle, plus lent et grave. Vous pouvez imiter son chant le soir et faire ainsi  rapprocher les vols. Le pilet se déplace généralement à la. passée en vols d'environ cinq à dix individus et c'est à la passée du matin qu'il est le plus visible. En baie, à la chasse au trou, par exemple, notamment le long d'un cours d'eau et proche du pied-de-mer, les pilets sont plus fréquents à certaines périodes que les siffleurs.

 

A la passée, on retrouve dans son comportement son caractère méfiant: il n'est pas rare de le voir voler haut et vite ou tourner longtemps. Son tir n'est pas plus difficile qu'un souchet ou un siffleur d'autant que le pilet est un canard fragile ; même si son tarse est de diamètre identique à celui du colvert et sa taille très proche. il faut faire attention aux oiseaux blessés et les retrouver rapidement car les pilets nagent vite et ont tendance à plonger devant les chiens.

 

A l'écart des autres

Les zones de gagnage de ce canard sont difficiles à déterminer car il se nourrit aussi bien en mer qu'au marais. Bref, même si le pilet se déplace lors des passées, sa méfiance rend sa capture difficile. La meilleure chance de voir des pilets reste encore la chasse au gabion. Des sauvaginiers affirment que les pilets migrent surtout la n contrairement aux autres canards, que l'on observe aussi lors des migrations de "jour". De plus, ce canard n'est pas curieux, comme le siffleur ou le souchet qui sont attirés par des congénères ou formes. Par exemple, si vous observez les pilets sur une réserve, vous remarquerez qu'ils se mêle peu aux autres canards ; Ils ont tendance à rester à l'écart et uniquement entre membres de la même espèce. Néanmoins moins, les huttes du littoral prélèvent chaque année des pilets, surtout si elles sont situées en pied de mer, le pilet, aimant rester à la limite des herbus. Les études de Cyril Mestre, sur les prélèvements réalisés par les huttes maritimes de la Baie des Veys, montrent que le pilet arrive en troisième position après la sarcelle d'hiver et le siffleur, avec 11,8 % du tableau annuel. Ce n'est donc pas un canard rare bien au contraire !

 

Quel agité !

A la hutte, le pilet se pose souvent en grosses bandes, allant jusqu'à une trentaine d'individus. Se sont quasiment toujours de belles "poses" mais une fois les oiseaux posés , ils s'éparpillent rapidement. il faut donc tirer vite avant qu'ils ne s'envolent. Car, une fois posé, le pilet reste le cou tendu, il regarde autour de lui, se déplace ; bref il s'agite... Il est donc rare que de gros prélèvements soient effectués lors des passages de pilets.

 

Même si vous avez une pique étudiée, bien souvent les pilets ont tendance à se poser à l'écart des appelants, loin des formes et en limite de portée.

Mais s'il y a une "boutée" de pilets, les vols peuvent se succéder toute la nuit... Il est étonnant de remarquer que parfois ont lieu des passages de mâles uniquement. De même, lorsqu'un pilet se pose seul, il s'agit le plus souvent d'une femelle !

 

Il existe des techniques d'attelage qui permettent, lors des passages de pilets, d'augmenter vos chances. Certains gabionneurs préconisent de mettre des formes de pilets: personnellement je ne pense pas que cela soit déterminant. D'autres estiment qu'il faut diminuer le chant sur la mare et si possible ajouter des appelants pilets en plaçant la femelle pilet et en court cri et le mâle sous le vent pour rappeler en cas de pose.  Cette solution est souvent payante d'autant que les pilets sont faciles à élever et se reproduisent bien ; il faudra tout de même penser à les atteler sur des plateaux pour la nuit.

 

Ramener un pilet est toujours une joie pour le chasseur mais cette chance est surtout celle de certains spécialistes comme les huttiers, car les pilets fréquentent surtout les baies et préfèrent le chant des appelants aux grands étangs brennous. Mais la population de ce superbe oiseau semble être stable, voire en expansion, alors qui sait...

 

Axel Vignon