CHAMOIS ...... entre Drôme et Cantal
 

Espèce emblématique de la montagne le chamois a aujourd'hui colonisé ou re-colonisé la plupart des habitats qui lui sont favorables. En modeste abondance dans certains secteurs, à un niveau plus important dans d'autres, son avenir dépend en bonne partie de la gestion qui en sera faite . Mais qui dit gestion dit obligatoirement suivi, c'est à dire comptage des populations présentes . Même si la responsabilité de la gestion revient à l'administration préfectorale, le monde de la chasse, au travers des Fédérations de Chasseurs et des groupements locaux, est très conscient que l'avenir ne peut être assuré que par un juste équilibre . Il oeuvre donc pour déterminer le niveau d'abondance, réel ou le plus probable, des populations et au travers cela déterminer les prélèvements qui permettront d'amener puis stabiliser les effectifs à un seuil satisfaisant pour tous et notamment pour l'espèce elle-même.

Depuis plus de 20 ans le monde cynégétique, public ou associatif, travaille pour définir des techniques qui permettent de suivre l'évolution des populations . Si ce travail a porté ses fruits dans les milieux de haute montagne, il nécessite encore beaucoup de recherche dans les milieux de basse montagne ou forestiers, là ou la science est encore tenue en échec par la nature . C'est dans cet esprit que les Fédérations départementales de chasseurs de la Drôme et du Cantal, au travers respectivement des Groupements d' Intérêt Cynégétique des Piémonts du Vercors et des Monts du Cantal, ont entrepris depuis l'an passé d'échanger leur expérience, technique et humaine, afin de faire progresser à la fois les connaissances sur la gestion du chamois mais aussi les techniques et modalités de chasse, seul outil légal actuel de régulation des espèces .

L'an passé, un groupe de chasseurs des Piémonts du Vercors était parti à la découverte du Cantal et des techniques locales de suivi de la population de chamois et cette année, c'était au tour des chasseurs du Cantal de venir connaître le contexte et les techniques de la Drôme, ce qui s'est fait du 22 au 24 Mars à l'occasion d'une opération de dénombrement de chamois organisée sur les Piémonts du Vercors . Le GIC des piémonts du Vercors regroupe 16 communes, situées sur une ligne « nord sud », de St Nazaire en Royans, jusqu'à Vaunavey la Rochette, (16 ACCA et 16 chasses privées) pour 30 000ha de superficie . Il est constitué par une falaise calcaire de près de 30 km de long, d'un dénivelé d'environ 1 100m et qui fait la séparation entre la vallée du Rhône et le plateau du Vercors, d'ou son nom . L'érosion a crée en pied de falaise une pente, encore forte, qui s'est boisée au fil du temps. Les 9 chasseurs cantalous ont été surpris par la nature très forestière du milieu colonisé par les chamois et la difficulté d'observation qui en découle puisque le repérage des animaux ne peut se faire que dans les trouées et clairières ce qui entraîne une sous-estimation non négligeable . Le samedi matin, à partir de 7h 30 et jusqu'à 9h 30, quelques 150 personnes issus pour la plupart des 16 communes concernées ont prospecté, à poste fixe ou mobile, les territoires colonisés par le chamois sur ce GIC . L'analyse des résultats montre, à partir des 480 observations faites lors de cette sortie, un effectif minimum de 370 animaux différents. La méthode mise en oeuvre a permis de confirmer le développement de l'espèce, puisque le chiffre a progressé de plus de 20 %, depuis le dernier comptage de 1999. Reste à déterminer si la méthode permet d'approcher de suffisamment près l'effectif réel ou si elle constitue un indice d'évolution satisfaisant pour pouvoir gérer la population, c'est-à-dire la stabiliser, l'amener ou la ramener à un seuil fixé comme objectif.

Lors de la dernière saison de chasse, l'Administration, sur les bases du comptage précédent, a attribué au GIC des Piémonts du Vercors 44 attributions, ce prélèvement est tout à fait raisonnable compte tenu du nombre d'animaux observés sur le terrain.

L'après-midi du Samedi et la matinée du Dimanche ont été consacrés à la visite des territoires, du GIC dans un premier temps, puis du Vercors ensuite. Le Président Christian Amoux, les membres du bureau du GIC des Piémonts du Vercors, ainsi que Philippe Douvre, Technicien à la Fédération Des Chasseurs de la Drôme, ont joué les guides avec beaucoup de compétence et de sens de l'accueil appuyés par Bernard Michelon et son épouse, qui ont hébergé tous le week-end, les invités auvergnats, à leur hôtel, « Le Beauregard » à Bourg de Péage. Samedi soir un apéritif avait réuni les responsables et membres du GIC, les responsables des GICs voisins ainsi que MM Gilbert Perrier et Pierre Bouveron, administrateurs de la Fédération des Chasseurs de la Drôme . Ceux-ci ont rappelé tout l'intérêt que la Fédération porte aux GICs et au Chamois, et la nécessité de mener des actions telles que celle du jour.

Ce voyage a permis à ses participants de « voir autre chose » avec l'oeil de celui qui constate de l'extérieur, situation facile s'il en est mais redoutable car elle aboutit inéluctablement à se regarder soi-même différemment ensuite et à se remettre en cause . C'est ce que l'on appelle l'expérience et ce qui est recherché dans ce « jumelage » afin de progresser dans les objectifs qui sont communs : l'avenir de la chasse et celui des grands gibiers de montagne. Un nouveau groupe du GIC des Piémonts du Vercors ira dans le Cantal à l'occasion de leurs comptages de Juin. L'intérêt de ce système d'échanges commence à naître ; faisons en sorte de le mener à bien pour le plus grand profit de chacun ... mais aussi de celui des gastronomies régionales !

GIC PIEMONT DU VERCORS