Edition du Mardi 19 Février 2002 (VDN)
Les associations de chasseurs de gibiers d’eau ont fait la tournée de leurs permanences, dimanche, dans le département

Bredouilles à la « chasse » aux députés
Une cinquantaine de chasseurs de gibier d’eau du Pas-de-Calais ont sillonné le département dimanche, pour protester contre la loi chasse et les récents amendements qui restreignent davantage leur activité... Ils contestent en particulier l’interdiction de chasser le mercredi et la restriction de la période de la chasse décrétée par le nouveau ministre de l’Environnement Yves Cochet, du 1er septembre au 31 janvier (celle-ci étant auparavant fixée du 14 juillet au 28 février).
Le parcours des manifestants prévoyait de nombreuses étapes correspondant aux lieux de permanences des députés, qui ont voté pour cette loi chasse en juin 2000 ou se sont abstenus. « Ce qui revient à la laisser passer », commentait Didier Fremaux, président du conseil départemental représentant une quinzaine d’associations de chasseurs. Après Béthune, Bruay et Lens, le bus des chasseurs a fait une halte, à Arras, en fin de matinée, devant la permanence de Catherine Génisson. La députée arrageoise, à l’instar de ses homologues du Pas-de-Calais, n’avait pas convenu de s’entretenir avec les chasseurs protestataires et n’était donc pas présente. Comme ailleurs, ceux-ci se sont alors contentés de coller des affiches. Puis, ils ont repris la route, en direction de la permanence de Jean-Pierre Defontaine à Hénin-sur-Cojeul, puis vers la côte.
« Au préalable, des rencontres avec les parlementaires ont eu lieu au niveau national. Aujourd’hui, nous exprimons notre accord de façon symbolique », indiquait M. Frémaux. Une contestation certes symbolique, qui intervient néanmoins à l’approche d’échéances électorales.
 
Directives trop restrictives
Dimanche soir, tandis que certains collaient des affiches sur les permanences de Guy Lengagne et Dominique Dupilet, les autres rappelaient leurs revendications : modifier la loi, autoriser la chasse le mercredi et rétablir les périodes de chasse allant du 14 juillet au 28 février.
« L’interdiction le mercredi sur le domaine privé ne nous semble pas justifiée. Sur le domaine public, on chasse peu, et il est normal de s’arranger avec les autres utilisateurs », ajoutait Gilles Deplanque, président de l’Association des sauvaginiers du Boulonnais. Les chasseurs trouvent également l’interprétation française des directives européennes trop restrictive car elle limite leur activité à cinq mois, « alors qu’on chasse en mars en Espagne et toute l’année en Angleterre ».
Des revendications, des affiches, un haut-parleur, mais aucun débordement. Tout juste un accrochage verbal entre un chasseur et l’adjoint au maire Frédéric Cuvillier, venu accueillir le cortège devant la permanence de Guy Lengagne et rappeler que le député de Boulogne avait fait adopter un amendement sur la chasse au hutteau favorable aux chasseurs. « Mais il a voté la loi, le problème est là », a conclu G. Deplanque.
 
Un mois de février « bien trop long »
Dans le cortège, chacun y allait de son commentaire avec souvent la gauche pour cible, Lionel Jospin étant coupable, aux yeux des chasseurs, « de choisir systématiquement un ministre de l’Environnement hostile à la chasse ». Patrick, d’Etaples, 42 ans dont 32 à arpenter la campagne, estime que « ce mois de février, sans chasse, est bien long ». Sous la banderole promettant « 2002, les députés paieront », un autre poursuivait : « Le travail du chasseur, c’est toute l’année. Il faut rénover les huttes et les digues, nettoyer les marais. Les meilleurs écologistes, c’est nous. » Les manifestants comptaient, dans leurs rangs, le Syndicat National de la chasse et une délégation de l’association « Chasse et femme », créée en novembre 2001 et regroupant une soixantaine d’adhérentes. « Nous sommes soit des pratiquantes, soit des sympathisantes de la chasse. Nous voulons faire comprendre à tout le monde que la chasse n’est pas forcément un milieu macho. Et aussi que c’est une activité familiale mixte et pédagogique » a expliqué la présidente Nelly Deplanque.