Qui veut tuer
la chasse ?

Christian Damenstein, un chasseur chez les Verts

Christian Damenstein, antiquaire au Mans, est passionné de vénerie. C’est lui qui dirige les travaux des Verts sur la chasse. Il est administrateur de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage.

Un chasseur chez les Verts, n’est-ce pas une hérésie ?
Certainement pas. Je ne suis d’ailleurs pas le seul chasseur de mon parti. Il faut savoir que, chez les Verts, comme dans l’ensemble de la population française, l’immense majorité n’a strictement rien à fiche de la chasse. Personnellement, je considère la chasse comme une dimension particulière de mon existence, bien plus que comme un loisir ou un sport. Je ne conçois pas de vivre sans.
Christian Damenstein, veneur, est le «monsieur chasse » des Verts. Il n’envisage pas de vivre sans chasser.

Les Verts n’ont-ils jamais tenu de discours anti-chasse ?

Il est vrai que le dernier programme des Verts, celui des Européennes, comportait une position de ce type. Mais il faut savoir que les deux personnes qui menaient les réflexions sur le sujet y étaient complètement étrangères et en étaient bien embarrassées. Je suis arrivé vers 1998 et, tout naturellement, j’ai proposé mon aide et mes compétences. C’est ainsi que je me suis retrouvé à assumer la responsabilité du groupe chasse et protection des espèces au sein de la commission environnement du parti.

Où en est la chasse aujourd’hui ?
En vingt ans, la chasse a perdu un million de pratiquants. Dans dix ans, nous ne serons sans doute pas plus de 500 000 et nous ne serons plus des acteurs incontournables de la gestion de la nature. Dans ce cadre, les chasseurs seraient bien inspirés de s’associer et de créer des partenariats avec des associations de protection de l’environnement pour ne pas se trouver exclus des débats.
Des institutions dépoussiérées
La récente Loi Chasse a institué une nouvelle organisation de la chasse et notamment modifié les statuts des fédérations départementales de chasseurs. Dorénavant, tout chasseur cotisant à une fédération en fera automatiquement partie et y disposera d’un droit de vote. La nouvelle loi a également créé un nouveau cadre pour les fédérations régionales et l’Union nationale des fédérations qui ont été dépoussiérées au passage, tandis qu’était créée une Fédération nationale des chasseurs. L’ONC, l’ex-office national de la chasse, est devenu Office national de la chasse et de la faune sauvage.

Pensez-vous que de telles associations soient possibles ?
Chasseurs et protecteurs de l’environnement ont un même intérêt : la préservation des espaces et des espèces. Ils se retrouvent bien souvent côte à côte face aux même adversaires sur des dossiers ponctuels. On ne peut plus chasser aujourd’hui sans se préoccuper des autres usagers de la nature. La société a évolué et il faut que les chasseurs s’ouvrent.

Comment le dossier des dates d’ouverture et de fermeture peut-il progresser ?
La stratégie adoptée par les chasseurs de gibier d’eau les a conduits dans le mur. Un temps, il leur a été proposé de transiger sur une ouverture anticipée au 15 août. Ils ont refusé. Maintenant, l’ouverture est définitivement fixée au 1er septembre et ce n’est plus négociable. Toutes les gesticulations actuelles n’ont pour seul effet que de donner une image déplorable de la chasse aux non-chasseurs.

Êtes-vous certain de ne pas être un outil des Verts pour séduire l’électorat chasseur ?
Je ne le pense pas… Le parti des Verts est au gouvernement et il vaut mieux se trouver du côté du manche… Pour ma part, les Verts m’ont été d’un grand secours dans le dossier du contournement de la forêt de Bercé (dans la Sarthe) par l’autoroute A 28 pour la préservation des scarabées « pique-prune » et c’est pour cette raison que je me suis mis à leur disposition
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Photos DR

propos recueillis par Ludovic ROBET