La chasse à courre du lièvre

ou petite vénerie

Source Petit Gibier - Ediloisir Magazine - Claude Businelli – SNCC

 

 

Les veneurs sont unanimes sur le sujet : après le courre du loup, celui du lièvre est le plus difficile qui soit.

 

Les Gaulois utilisaient déjà des chiens courants pour prendre le lièvre ; ils excellaient dans cette discipline et l'ont faite apprécier de leurs occupants romains.

 

Forcer un lièvre à courre n'est pas une chasse aisée. Même pour les équipages spécialisés, la bredouille est monnaie courante, tandis que les prises relèvent de l'exception.

Il s'agit de la chasse la plus "écologique" qui soit, où les chiens sont les véritables acteurs, puisqu'ils sont chargés de prendre le lièvre, lequel par sa voie légère et ses ruses sophistiquées, a souvent la vie sauve. Si la bredouille est fréquente lors du courre du lièvre, pour les veneurs, cela n'a aucune importance, seule la chasse compte.

Contrairement à la chasse à tir, un lièvre peut vous passer plusieurs fois à portée sans courir le moindre risque. A portée de fusil ne signifie pas à portée de dents des chiens. Car à courre, ce sont les chiens qui prennent et il leur faut de temps à autre des prises afin que l'instinct de capture ne molisse pas.

 

Les équipages de petite vénerie peuvent être composés de Beagles-Harrier, d'Anglo-français, de Porcelaine...

 

Les chiens doivent être parfaitement créancés bien sûr, fins de nez et rapides. Des chiens trop lents ne prendront jamais le lièvre qui ménagera toujours une longueur d'avance sur eux. Les veneurs qui suivent la chasse à pied, doivent avoir des qualités de coureur de fond et être en bonne forme car il faudra garder le rythme sur de longues distances avant que le lièvre soit épuisé. Le veneur aidera les chiens en défaut en les remettant sur la voie légère et volatile de l'animal de chasse. Il ne faut pas oublier non plus l'aide précieuse des gens qui suivent la chasse et qui depuis les chemins ou des postes d'observation élevés vont informer le maître d'équipage sur la vue par corps de l'animal. Véritable parcours du combattant aux allures de marathon, la petite vénerie du lièvre ne souffre d'aucune médiocrité, c'est une chasse loyale où le lièvre confronté aux chiens, conserve toutes ses chances de fuite.

 

 

 

Une journée dans la lande girondine avec le

Rallye Malleret et le Rallye Aliènor d'Aquitaine

 

Pleine lune. Le cercle orange est au bord de l'horizon mais semble avoir du mal à se coucher. Seules les premières lueurs de l'aube parviennent partiellement à faire pâlir l'astre de la nuit, en attendant que le soleil l'efface complètement.

 

Vans attelés, nous parcourons lentement les pistes de la lande girondine en direction du rendez-vous. L'ouragan qui a sévi dans la nuit du 27 décembre a laissé des traces : châblis et volis alternent avec des pins restés debout. Ces derniers sont tout de même majoritaires, fort heureusement pour les propriétaires du cru. Heureusement aussi pour les chiens qui n'ont pas l'habitude de quêter au milieu des troncs couchés.

 

Une impressionnante série de " buissons creux " frappe les deux équipages qui se sont rassemblés ce matin : le Rallye Malleret et le Rallye Aliénor d'Aquitaine. Les bredouilles qui succèdent aux bredouilles sont en train de s'apparenter à une véritable malédiction. La spirale des défaites va-t-elle enfin s'enrayer ?

 

Taïaut ! Taïaut !

A grand renfort de cris, les deux meutes sont découplées. Les chiens sont au nombre d'une trentaine, tous parfaitement créancés sur la voie de l'oreillard.

 

Taïaut ! taïaut ! Alors que les chiens quêtaient sur une coupe, l'appel signalant une vue vient de retentir au loin. Parti chercher du pain frais au village, un suiveur a aperçu deux lièvres. Demi tour!

 

Mis sur la voie, les harriers et les petits anglo-français ne tardent pas à mettre un animal debout. Mais comme cela arrive fréquemment, la menée est de courte durée. Les chiens sont en défaut.

 

Avec patience et une bonne dose de métier, le piqueur démêle le défaut. Ça repart ! Au défaut suivant, l'animal se forlonge et disparaît. Pas de trace de son compagnon non plus. Cette matinée débute mal.

 

Le vent de nord-est devient de plus en plus sensible en terrain dégagé. Il pique les oreilles et taillade les lèvres. Les suiveurs ont les mains collées aux poches, tandis que les cavaliers paraissent insensibles à tout cela. Les conditions météo ne sont pas excellentes, mais elles n'ont d'exécrable non plus.

 

Taïaut ! taïaut ! Un veneur a aperçu un lièvre. La meute rapplique. Cavalières et cavaliers galopent à bride abattue. Les harriers prennent la voie et, cette fois, la mènent tambour battant. La futaie vibre des cris des chiens. Les visages des suiveurs s'illuminent: c'est une belle menée.

 

L'animal de chasse a franchi une route. Puis il recule et la traverse dans l'autre sens. La chasse arrive dans une immense coupe de pins et les suiveurs se hissent sur des souches, persuadés de pouvoir apercevoir l'oreillard. Peine perdue! Les chiens tombent à nouveau en défaut. Piqueurs et maîtres d'équipage sont attentifs car le gibier (à l'évidence rasé) peut jaillir soudainement. Des cavaliers prennent les devants.

 

Les chiens relancent et sont appuyés par le piqueur. L'animal revient sur la voie chassée, ce qui rend sa recherche particulièrement difficile. Cette fois pourtant, le lièvre ne parviendra pas à distancer ses poursuivants. Ayant sans doute fourni d'intenses efforts, il s'essouffle et sera coiffé par les chiens. Marcel, le piqueur, met pied à terre et récupère l'animal (un mâle) pour une curée froide.

 

Les honneurs

La curée est une cérémonie importante pour deux raisons: c'est la phase au cours de laquelle l'homme s'interpose entre les chiens et l'animal de chasse. A ce moment là, l'homme redevient le personnage central. Ensuite, c'est le moment où l'on sacralise l'animal vaincu afin de lui témoigner le respect qu'on lui porte.

 

Le chasseur fait la chasse aux animaux, pas la guerre. A la chasse, tous les coups ne sont pas permis contrairement à ce que peuvent penser des sots ou certains ignorants dont on taira leur Nom ou leur appartenance. Non seulement on n'en veut pas à l'animal chassé mais on l'apprécie, on l'aime, et cela peut aller, suivant la chasse faite, jusqu'à un profond respect.

 

Pour notre curée froide, un endroit sympathique a été retenu, non loin des véhicules. Le piqueur a découpé le pied droit du lièvre et a tressé la peau afin de faire honneur à un invité.

 

Les chiens sont sous le fouet, à la fois dociles et nerveux. Des fanfares sont sonnées au cours de cette cérémonie. On reprend dans l'ordre les sonneries entendues durant la chasse : le lancer, la vue, le changement de forêt, l'hallali, la prise.

 

Puis le maître d'équipage rend les honneurs du pied, tandis que les trompes confèrent à cet instant la dignité qui est de mise tout en maintenant le respect des traditions séculaires qui sont toujours parfaitement d'actualité.

 

Enfin, les chiens se livrent à la curée qui est un temps fort, impressionnant, n'ayant rien à voir avec la chasse au chien d'arrêt.

 

Car la chasse française est forte de chasses variées où chacun d'entre nous peut, en fonction de sa philosophie, toujours trouver un vif intérêt.

 

 

Les équipages

 

Rallye Mailleret

Equipage remonté en 1972 par Me Jacques Chambaud.

Haras de Labouret

Chemin de Labarde

33290 Parempuyre

 

Rallye Aliénor d'Aquitaine

Créé en 1995 par M. Claude Ducourneau

37, chemin de Bertrine

33830 Belin-Beliet

Piqueur :

M. Marcel Laurieux

 

Ces deux équipages, qui chassent la plupart du temps de concert, découplent dans le sud Gironde et dans les Landes.