Les dangers du tir

au rembucher

 

 

LE TIR AU REMBUCHER n’est pas toujours la panacée. Il existe en effet des circonstances où il peut même se révéler dangereux. Mieux vaut le savoir afin d’accroître la sécurité à la chasse.

« Ventre au bois et surtout tirez derrière vous, au rembucher. Je ne veux pas d’accident. » Combien de fois entend-t-on ces consignes au début d’une battue, comme si le seul fait de tirer un animal au rembucher suffisait à lui seul à éviter les accidents. C’est faux, il existe bel et bien des dangers à ce type de tir, essentiellement liés à la topographie du poste.

 

Une excellente base

Relativisons néanmoins nos propos... Dans la majorité des cas, le tir derrière soi, c’est-à-dire hors de l’enceinte traquée, est en effet le plus sécurisant. Pourquoi? Tout d’abord parce qu’il permet au chasseur, qui s’est rendu discret en se collant contre la lisière, de laisser sortir l’animal sur la ligne forestière afin de l’identifier, certes en quelques dixièmes de seconde, mais c’est déjà mieux que rien. Les consignes de tir mentionnées au rond du matin sont nombreuses et, entre les sangliers de moins de 50 kilos, les brocards décoiffés, les biches non suitées, les cerfs ne portant que huit cors et autres limitations, le chasseur a besoin de temps pour reconnaître précisément l’animal qu’il s’apprête à tirer. Autre avantage, cette position lui permet « d’acquérir sa cible » Soit, en langage de tireur, de la suivre sur une courte distance et de presser la queue de détente dans le même mouvement, une sorte de swing bien connu des chasseurs de petit gibier. L’angle formé par cette position «ventre au bois» permet d’accroître le champ de vision des postés car si le sous-bois l’autorise, ils peuvent encore tirer l’animal alors qu’il a pénétré dans la parcelle voisine. Enfin, et c’est le point le plus important, cette répartition des chasseurs visant derrière eux évite les tirs dirigés vers d’autres chasseurs postés et, donc, limite les risques d’accidents. Oui, mais voilà, une balle qui est sortie de la bouche d’un canon n’en reste pas moins dangereuse, qu’elle soit tirée devant, derrière, ou sur les côtés. L’essor des loisirs nature doit nous inciter à être de plus en plus vigilants.

Nous savons précisément où sont postés nos collègues de chasse, mais pas où circulent les VIT et autres randonneurs. Il est plus facile de localiser les participants à une battue que les autres usagers de la nature.

Les ricochets

C’est certainement là le plus grand danger des tirs en battue. Même avec un angle très fermé, personne ne peut dire si une balle va ou non ricocher et surtout quelle direction elle va prendre en repartant du point d’impact. En battue, il est préconisé de respecter un angle de 30° par rapport à l’alignement de ses voisins. Mais cela ne doit pas pour autant inciter le chasseur à faire n’importe quoi dans cet “espace” qui lui est dévolu. Un fossé encercle souvent les parcelles forestières. Ce talus est composé de terre mais aussi de pierres. Si une balle de carabine a de fortes chances d’exploser au contact de ces dernières, les balles issues d’armes à canons lisses ne feront aucun cas de cet obstacle et s’appuieront dessus pour reprendre une autre direction.., indéterminée. Le projectile aura un peu moins de force et de vélocité, mais en conservera suffisamment pour pénétrer dans la peau fragile d’un humain. Mais j’entends déjà crier les fervents partisans des armes lasses: une balle de fusil lisse ne ricoche pas plus qu’une tirée par une arme rayée ! Désolé de vous décevoir, mais si. Et cela est liée a deux facteurs fort simples a comprendre: la composition de la balle et la vitesse. Le chemisage fragile d’une ogive de 7*64 n’a rien a voir avec le boulet monométallique envoyé par un douze. La rapidité des munitions destinées aux armes rayées va accroître le phénomène d’expansion de la balle (voire de désintégration sur un caillou), une balle d’arme lisse, en revanche, va moins vite (près de la moitié de la vitesse), donc elle sera moins endommagée parle choc avec un obstacle et, conservant plus de masse, sera plus dangereuse en cas de ricochet.

Attention aux petit bois

Autre obstacle pouvant être générateur de ricochets, les arbres, et pas forcément les plus gros. Il y a de fortes probabilités pour qu’une balle pénètre dans le bois d’un chêne plusieurs fois centenaire, au grand désespoir du scieur qui devra le débiter en planche, mais qu’elle soit déviée par des rejets de hêtres, mesurant quelques centimètres de diamètres. Lors de l’hiver rigoureux que nous avons connu cette année, les arbres ont gelé en profondeur, ce qui a accru les risques de ricochet. Là où une balle aurait pénétré dans l’écorce en temps normal, elle va rebondir si les bois sont gelés. Une extrême prudence s’impose en cas de froid vif car la terre, les flaques et les arbres sont alors dangereux en cas d’impact.

 

Les plaines et bordures.

 Autre cas où le tir au rembucher est dangereux, les bosquets et lisières forestières donnant sur des plaines. Les chasseurs sont “ventre au bois” et tirent... en rase campagne! Ne souriez pas, le cas est fréquent et chacun d’entre nous s’est retrouvé, un jour ou l’autre, posté dans une telle configuration de terrain. Où tirer? Ici, pas de risque de ricochets contre les arbres, il n’y en pas! Mais au loin, tout là-bas, les taches rouges de quelques toits devraient vous empêcher de faire feu. Idem lorsque la ligne forestière sur laquelle vous êtes posté est contiguë à une plaine, à une route, à une voie de chemin de fer ou à tout autre axe utilisé par des homo sapiens sapiens. Les VTT, et autres sports dits de nature, envahissent peu à peu nos territoires de chasse. Nous devons prendre ces usagers en considération pour accroître la sécurité. Au risque de faire bondir les partisans d’une certaine éthique, il faut reconnaître que, parfois, le tir devant soi ans la traque est plus sécurisant. Mais ceci doit être étudié poste par poste, et c’est au chef de ligne que devrait échoir cette responsabilité.

Lyonel Chocat

 

Tir au rembucher : mode d’emploi

Bien tirer au rembucher ne s’im­provise pas. Rappelons qu’on ne tire pas assis. Les cannes sièges et autres trépieds sont bien pour patienter mais lorsque le chasseur doit faire feu, il doit être debout. En arrivant au poste commencer par le dégager. Les branches sèches et les feuilles seront grattées à l’image d’un bocard, afin de ne pas faire de bruit. Il est impératif de bien visualiser les angles de tirs les plus sécurisés, pas en termes de degré mais bel et bien de possibilité réelle de tir. On parle souvent de la position des pieds au ball-­trap, cela n’est pas seulement vrai pour le tir des plateaux... plus un chasseur est stable sur ses appuis, meilleure sera sa visée. Vous ne pourrez pas bien tirer avec une jambe sur le talus et l’autre au fond de fossé. Vous avez bien sûr pris la peine de situer les principales coulées de part et d’autre de votre poste, mais ce sont surtout celles en­trant dans la parcelle voisine qu’il convient de noter. C’est là que vous allez tirer. S’il y a un talus ou un fossé, souvenez ­vous que le gibier effectuer un bond. Il faudra corriger votre tir afin de ne pas passer sous ses pattes. Enfin, à l’ex­pression ventre au bois, préférez dos au bois, essayez et vous verrez, vous serez bien mieux installé en vous positionnant dos à l’enceinte traquée.

 

Veillez à vos gestes

L’animal sort sur la ligne de tir, vous l’avez entendu venir dans la traque et vous êtes prêt. Trop, peut-être car à peine a-t-il pointé le bout de son nez sur l’allée forestière que vous montez déjà votre arme à l’épaule. Il a atteint le milieu de la ligne que déjà votre réticule ou votre point rouge est sur lui. Certes, vous n’avez pas encore fait feu, mais quel est réellement l’angle avec votre voisin à ce moment précis? Et si le coup partait? Et si .…..