On empoisonne les sangliers dans les

Alpes-de-Haute-Provence

 

Pour le président de la Fédération départementale des chasseurs

il s'agit d'un acte criminel qui peut avoir de graves

répercussions sur la sécurité alimentaire.

 

Si elle se pratique normalement lors de la période de chasse ou dans le cadre de battues administratives, la lutte contre la prolifération des sangliers a pris une tournure dangereuse dans les Alpes-de-Haute-Provence. En effet, certains n'hésitent pas à employer le poison pour venir à bout de ce qu'ils appellent "un fléau ". Avec les conséquences que cela peut avoir sur des animaux qui se nourrissent des cadavres de sangliers.

Ainsi, récemment, un chasseur a découvert au pied du massif du Cousson à quelques kilomètres de Digne, deux sangliers morts. Une fois informées la Fédération des chasseurs des Alpes-de-Haute-Provence et l'Office national de la chasse et de la faune sauvage ont fait acheminer les carcasses vers le laboratoire vétérinaire de Gap aux fins d'examen. Des prélèvements ont ensuite été adressés à Lyon pour des analyses toxicologiques. Les résultats

qui viennent d'être communiqués ont révolté les responsables départementaux de la chasse. En effet, les conclusions du laboratoire lyonnais font état d'un empoisonnement au moyen d'appâts contenant des produits hautement toxiques. Il s'agirait entre autres de pesticides et d'anticoagulants.

 

Plainte contre X

 

"Un cocktail mortel sans doute mélangé à du mais et déposé sous forme de boulettes un peu partout dans la nature " indique Max Isoard, le président de la Fédération de chasse départementale. Il a déposé plainte contre X avec le président de la Société de chasse de Gaubert, territoire sur lequel ont été retrouvés les cadavres.

"Les produits toxiques utilisés provoquent chez les animaux, selon leur poids et la quantité ingérée, une mort lente pouvant aller de douze heures à plusieurs jours", indique Max Isoard. Cela peut entraîner de graves conséquences sur la faune sauvage mais aussi domestique et de manière indirecte pour l'homme. Il se peut que des animaux aient été contaminés avant d'être abattus ce qui peut dans un deuxième temps provoquer des intoxications alimentaires graves pour les personnes s'étant nourries de leur viande".

Mais le problème est encore plus vaste.

"Les animaux nécrophages, charognards, renards subiront en dévorant d'autres cadavres contaminés abandonnés dans la nature, le même sort que les sangliers... Enfin, il faut aussi penser aux animaux domestiques, chiens et moutons notamment, qui peuvent ingérer ces appâts empoisonnés".

On le voit, le tableau est inquiétant, y compris pour la sécurité alimentaire. Ce qui fait dire à Max Isoard : "Vouloir éliminer une espèce dans une chaîne alimentaire dont l'homme peut être un maillon est criminel ".

Le geste est d'autant plus incompréhensible que la population de sangliers recensée dans le secteur de Gaubert, n'était pas très importante cette année et qu'ailleurs dans les Alpes-de-Haute-Provence la tendance est à la régulation par les chasseurs dans les zones sensibles. Sans compter les efforts des sociétés pour protéger les cultures par la pose de clôtures.