Plus de cent cinquante membres de l’Association des chasseurs maritimes
de l’Authie nord rassemblés à Berck
Un peu d’information avant de monter au front
Qu’on se le dise !
La conférence qui a tenu plus de 150 membres de l’Association des chasseurs maritimes de l’Authie nord en haleine, vendredi, au café Chez Mireille, de Berck, ne s’apparentait pas à une réunion politique. Ce qui n’empêcha pas Didier Frémaux, président de la société, d’inaugurer cette séance d’« information » par une note salée à l’encontre de l’ancien ministre de l’Environnement : « Il est clair qu’avec sa très mauvaise loi sur la chasse, Mme Voynet est à l’origine de tous nos maux ». Avec l’interdiction de chasser le mercredi, les contraintes qui pèsent désormais sur les fédérations de chasseurs, et l’obligation d’aménager des schémas cynégétiques départementaux - que « les anti-chasse peuvent contester » -, il est vrai que les chasseurs ont du souci à se faire.
Le 1er août 2000, un décret émanant de l’application de la loi Voynet a retardé la date d’ouverture de la chasse du 14 juillet au 10 août. Contesté par les écologistes et les chasseurs, ce décret fut ensuite soumis à l’avis du Conseil d’Etat, qui prit un autre décret préconisant une fermeture de la chasse le 31 janvier. Une décision pour le moins contradictoire, le Conseil d’Etat ayant souhaité, avant de statuer, que la Cour de justice européenne se prononce sur la possibilité des Etats membres de déroger aux dates d’ouverture et de fermeture en question.
Labyrinthe législatif
Pour autant, comme l’a rappelé Didier Frémaux, il est encore possible de chasser le pigeon ramier, la bécasse, le lapin, le sanglier et le chevreuil... Telles semblent les dernières certitudes de chasseurs perdus dans un véritable labyrinthe législatif construit à la mesure des « incohérences du ministère ».
Dernière « pantalonnade » en date : les chasseurs sont contraints de tenir une feuille de prélèvements pour tout animal tué. Agréées par les autorités, ces feuilles ne sont pas parvenues à temps dans les locaux des fédérations. « Sans rire, je vous conseille de prendre une simple feuille blanche avec vos coordonnées. Elle fera office de fiche de prélèvements », déclara Didier Frémaux devant une assemblée dont on sentait l’hilarité latente.
N’en déplaise au président des chasseurs maritimes, cette réunion d’ « information et d’explication sur la législation » a maintes fois viré au réquisitoire contre le « manque de compétences des Verts en matière d’écologie ». C’est ce qu’a tenté de prouver, devant une assemblée d’emblée conquise, Gilles Deplanques, chargé de mission au sein de l’Association nationale des chasseurs de gibiers d’eau : comptage « débile, basé sur une marge d’erreur de 87 % » des bécasses sourdes ; « affaiblissement de la qualité génétique » chez les espèces, « de plus en plus nombreuses dans plusieurs régions du monde » ; « irrationalité »
des critères classant certaines espèces en mauvais état de conservation...
« Peut-on ne pas respecter les dates de fermeture ? », demanda un spectateur en fin de séance, invoquant, qu’en août dernier, certains chasseurs n’avaient pas hésité à défier les arrêtés préfectoraux. « Chacun est libre de faire ce qu’il veut... Mais, attention ! Les anti-chasse sont en train de nous descendre là-dessus. N’oublions pas que les agissements de notre mouvement constituent leur seul fonds de commerce », déclara prudemment Didier Frémaux. Avant de préciser, sans toutefois le nommer réellement (prudence, toujours), qu’il ne faudra pas rater « le front qui s’ouvrira prochainement pour les chasseurs ».
David SAGOT