Edition du Mardi 05 Mars 2002

par Jean-Paul CHAVAUDRA
Une forêt, ça vit. Ça peut même rajeunir
Un nouveau programme de coupe et de travaux dans la forêt de Clairmarais démarre, prenant le relais de celui de 1980. Sa lancée coïncide avec la fin de la saison de la chasse. Bilans.
UN ARBRE ça vit. Ça naît, ça grandit, ça vieillit mais – du moins dans une forêt gérée par l’ONF (office national des forêts) –, ça ne meurt pas de sa belle mort. On n’attend pas que son bois ne soit plus utilisable pour l’abattre et le transformer en belles et bonnes planches.
La preuve qu’une forêt vit, c’est qu’elle souffre, tout comme nous, des pluies froides en rafales qui obscurcissent nos journées en cette fin d’hiver : « Plus que le vent, c’est l’excès d’eau qui fait souffrir la forêt de Clairmarais,explique François Clais, responsable ONF du massif forestier. Quand les racines baignent dans l’eau au lieu de leur milieu humide, elles ne peuvent plus se développer. L’arbre est alors en stress, plus sensible aux maladies et aux parasites ».
Même si les conditions climatiques actuelles ne sont pas favorables, pas question de baisser les bras pour maintenir la forêt en bonne santé : « Le programme de coupe et de travaux lancé en 1980 est aujourd’hui terminé. Il a permis la régénération naturelle d’environ 150 ha sur les 1 200 de la forêt d’Arques-Clairmarais ». Par régénération naturelle il faut entendre l’abattage (François Clais dit « la récolte ») des arbres âgés qui permet aux jeunes semis issus des graines tombées de ces arbres de prendre leur place, plus le débroussaillage éventuel des taillis. A ces 150 ha s’ajoutent une trentaine qui ont reçu des jeunes plants apportés par l’homme. On les reconnaît aux manchons en plastique qui les protègent des dents du lapin, du lièvre et du chevreuil.
Les travaux de dégagement des sols pour la régénération naturelle ont été aussi l’occasion de favoriser la biodiversité : « Entre un jeune chêne (ceux-ci peuplent 80% de la forêt) et un merisier, un frêne, un alisier, un sorbier, un érable ou même un hêtre (3 % de la forêt), le choix de l’espèce plus rare est aussitôt fait ».
Nouveau programme
Les études, pour un nouveau programme prévu jusqu’en 2020, sont achevées. Elle ont comporté le comptage de tous les arbres atteignant 20 cm de diamètre, l’inventaire floristique et l’étude des stations. Expliquons : l’inventaire de la flore a, par exemple, permis de constater qu’il y avait encore à Clairmarais, de la primevère acaule (petite à fleurs jaunes) et de la primevère coucou ; un peu d’orchidées ; toujours la grande fougère, révélatrice des terres acides ; de la bruyère et des violettes ; des géraniums rosés dits « herbes de Robert »... mais pas de ces tapis bleus de jacinthes des bois si remarquables en forêt de Tournehem. Quant à une station forestière, c’est l’ensemble formé par les sols, les plantes et arbres que l’on trouve soit au sommet d’une butte, soit dans un vallon ou dans une zone humide.
Les hautes futaies de résineux repérables dans quelques parcelles de bord de route ne relèvent pas de cet équilibre nature : sol-situation topographique-végétation. Ils ont été plantés « artificiellement » il y a une cinquantaine d’années. Leur croissance va être menée à terme jusqu’à 80 ans puis ils seront remplacés non par d’autres sapins, pins ou épicéas mais par des feuillus.
Fin de saison de chasse
D’autres paramètres entrent encore en jeu avant que les nouvelles zones de coupe et régénération soient décidées. La pression du gibier sur la flore, par exemple. La mise en place d’un système de comptage annuel des chevreuils donne un « indice kilométrique d’abondance » (nombre de têtes vues au kilomètre sur plusieurs passages) selon lequel on peut affirmer que le cheptel reste stable. En cette fin de saison de chasse durant laquelle 131 chevreuils autorisés au maximum était le chiffre imposé par l’ONF, M. Clais pense que le plan de chasse collait à la réalité. Le nombre de chevreuils vivant dans la forêt peut être évalué à 400 environ.
Le deuxième gibier vivant de la flore est le lapin. Il semble en baisse à Clairmarais depuis quelques année. Le lièvre, lui, s’est bien implanté, surtout dans les parcelles régénérées. Le sanglier reste important puisque 120 animaux ont été « prélevés » cette année.
Après la chasse, dès le retour du soleil, commencera la saison touristique. Les aires de pique-nique près de l’étang d’Harchelles, demanderont peu de réparations. Il n’y avait plus de location de pêche dans l’étang depuis 1996. Une nouvelle société de pêche arquoise dont le siège est aux Ets Debreu vient de signer avec l’ONF. Il faudra donc être membre de cette association. De plus, brochets, carpes, tanches et gardons seront remis à l’eau puisque c’est le « No kill» (« on ne tue pas » )qui a été systématiquement adopté.