Edition du Mercredi 10 Avril 2002
Jean Saint-Josse, le candidat des chasseurs à l’élection présidentielle,
sera ce soir en meeting à Hesdin
« Sans racines, on vit dans un pays qui se meurt »
A une semaine et demie du premier tour de l’élection présidentielle, Jean Saint-Josse, le candidat de Chasse, pêche, nature, traditions (CPNT) animera ce soir, à la salle du Manège d’Hesdin, à partir de 20 h 30, sa vingt-troisième réunion de campagne. Il se sera auparavant rendu à Nausicaa à 15 h, puis sur le port de Boulogne et dans les établissements de salaison traditionnelle J.-C. David. Et à 19 h 30, il aura visité un élevage de bovins touché par l’ESB l’année dernière. Dès hier, il a bien voulu répondre à quelques-unes de nos questions par téléphone.
Jean Saint-Josse, pourquoi animer une réunion d’information publique à Hesdin ?
« Je n’ai pas d’explication. Ce sont les responsables locaux qui ont choisi. On ne peut pas vouloir être un mouvement de proximité et ne pas l’assumer. »
En se penchant sur votre programme, on se rend compte que vous ne parlez finalement pas beaucoup de chasse et que votre priorité est l’aménagement du territoire.
« Mais ce n’est n’est pas nouveau ! La chasse n’est qu’une composante parmi d’autres de la ruralité. L’aménagement du territoire figure au centre de mon programme parce que le jour où on supprimera les services publics dans nos campagnes, on créera une citoyenneté à deux vitesses. Je suis d’accord pour payer le déficit de l’Opéra de Paris à condition qu’on ne ferme pas dans le même temps des classes d’école ou des bureaux de poste. »
Que signifie votre slogan de campagne « La France des différences » ?
« On souhaite que les minorités soient respectées dans ce pays. La France des différences, c’est la France en couleur. Trouvez-vous normal que des minorités, comme les artisans ou les petits commerçants, soient littéralement rayés de la carte sous prétexte que 80 % des Français vivent sur 20 % du territoire ? »
Que répondez-vous à ceux qui jugent vos idées d’arrière-garde ?
« (Enervé) Que voulez-vous dire par idées d’arrière-garde ? Si c’est lutter pour préserver nos racines, alors j’accepte cette appellation. Sans racines, on vit dans un pays qui se meurt. »
Ces idées, vous les exprimez aussi à l’échelon européen...
« C’est pour cette raison que nous avons créé le groupe "Europe des démocraties et des différences" (qui regroupe dix-huit députés au parlement européen, NDLR). A l’heure actuelle, plusieurs pays peuvent additionner leurs intérêts pour les imposer à d’autres. Nous voulons au contraire que chaque Etat puisse garder son identité. On ne peut pas continuer à construire une Europe qui se contente de réglementer la largeur des portes.
»
Est-ce à dire que vous vous rangez dans le camp des anti-mondialisation ?
« Non, je suis dans la mouvance CPNT. Et je défends à ce titre des idées qui nous sont propres. »
Comment vous positionnez-vous sur le thème central de la campagne électorale qu’est la sécurité ?
« La sécurité, c’est peut-être un thème central pour vous les journalistes, mais pas sur le terrain. Aujourd’hui, je me demande bien pourquoi les deux candidats sortants se proposent de régler le problème de la sécurité, alors qu’ils pouvaient le solutionner avant. Il faudrait d’abord se poser des questions pour savoir d’où vient toute cette violence. Sans doute est-elle liée à la télévision, mais aussi à l’isolement dont les gens souffrent dans les villes et les campagnes. Dans ce contexte, je préfère construire dix lycées de 300 élèves qu’un lycée de 3 000. On me dit que ça coûte cher. Moi, je soutiens que c’est une question de choix politique et de responsabilité. »
Avez-vous construit votre campagne électorale par opposition aux Verts ?
« Pas du tout. Je n’ai d’ailleurs jamais prononcé le nom de leur candidat. Je critique seulement les ministres qui étaient au pouvoir et n’ont pas fait ce qu’il fallait. »
Si vous n’êtes pas au second tour, quel candidat soutiendrez-vous ?
« Je n’ai jamais prétendu être président de la République. Et comme je le répète depuis le 4 février, je ne donnerai pas de consignes de vote. Je ne suis pas un politique, je fais ce que je dis. »
Vous êtes-vous fixé un objectif à atteindre en nombre de voix ?
« Notre objectif est triple : nous voulons d’abord communiquer sur nos valeurs ; dépasser ensuite notre score des dernières élections européennes (la liste CPNT avait réuni 1,2 millions de voix, NDLR) ; préparer enfin les élections législatives. »
A ce propos, vous serez entouré ce soir à Hesdin par les quatorze candidats désignés par CPNT dans le Pas-de-Calais...
« Ça m’étonnerait, puisque nous n’avons encore investi personne ! Je serai au mieux accompagné de candidats potentiels... »

Propos recueillis par
Sébastien CHÉDOZEAU