Jean Saint-Josse, candidat de Chasse, pêche, nature et traditions :

"Si les politiques avaient su rester proches des Français, je ne serais pas là"

Le président de CPNT annonce qu'il réunira une assemblée générale de son parti entre les deux tours.

Vous dites aujourd'hui prendre "du plaisir" à cette campagne, alors que vous vous êtes présenté à la présidentielle "à reculons". Qu'est-ce qui vous a fait changer d'avis ?

Quand j'ai décidé d'y aller, j'y suis allé.

C'était surtout un problème personnel. J'ai quatre filles et elles n'étaient pas toutes d'accord. Je n'avais pas envie qu'elles supportent plus qu'elles ne pouvaient, ni de sacrifier ma famille. Une fois en campagne, c'est vrai que j'ai éprouvé beaucoup de plaisir, en raison de la richesse des contacts que j'ai avec ceux que je rencontre : les aficionados d'Arles, les dockers de Saint-Nazaire, les pêcheurs à Yvetot, ou d'autres. Ils se retrouvent dans le message que je porte et j'entends ce qu'ils ont à me dire, c'est une relation réciproque.

Vous êtes-vous "gardé des démons de la politique", comme le recommandent certains de vos sympathisants ?

Je reste ce que je suis, je n'ai pas de prétention, cela simplifie beaucoup les choses. Il faut faire ce que l'on dit, ne prendre que les engagements que l'on peut tenir. C'est ce que j'essaie de faire. Moi, je ne lis pas des discours préparés par d'autres. Je crois aussi qu'il faut connaître ses propres limites. Personne n'a réponse à tout. Aussi, je ne fabrique pas une réponse si je n'en ai pas.

A 5 % dans les sondages, quelle est la mesure que vous souhaiteriez voir prendre par celui qui remportera l'élection ?

Les sondages, je n'y crois pas, pas plus aujourd'hui qu'hier. Avant de parler de celui qui gagnera, il y a un second tour. Entre les deux tours, je convoquerai une assemblée générale de CPNT. Les deux qui resteront seront bien obligés, en fonction de mon score, de prendre en compte notre message. Je répète que je ne donnerai pas de consigne de vote. Mais la mesure que je voudrais voir prendre consiste en une grande loi d'aménagement du territoire, permettant le maintien d'un vrai service public, également réparti dans toute la France. Je souhaite encore que l'on puisse créer une vraie vie dans les banlieues, ainsi que des unités à taille humaine, dans l'agriculture, dans le domaine scolaire ou dans les entreprises Aujourd'hui, on n'aide que les multinationales qui se délocalisent deux ans après à l'étranger.

Concernant les législatives, CPNT va surtout utiliser sa capacité de nuisance envers des députés de gauche. Cela ne vous classe-t-il pas à droite ?

Vous ne pouvez pas dire cela, nous avons des gens qui viennent de partout à CPNT. Je ne suis pas convaincu aujourd'hui que l'on gênera surtout des députés de gauche. Nous arrêterons notre stratégie après la présidentielle. C'est le score que nous ferons au premier tour qui la définira. J'espère bien que nous aurons des élus et pas seulement une capacité de nuisance. Que Chirac ou Jospin soit élu, ils n'auront aucun pouvoir. Il ne tiendront leur capacité d'action que de l'Assemblée nationale, s'ils ont une majorité.

Cela vous gêne-t-il d'être qualifié de "poujadiste" ?

Ce n'est pas moi qui suis poujadiste, c'est Chevènement, puisque Poujade le soutient ! Je ne me reconnais absolument pas dans cette définition. Je parle de l'avenir, pas du passé. Si les politiques avaient su rester proches des Français, je ne serais pas là.és.

A propos des actions violentes de certains de vos sympathisants, vous avez dit : "Je ne peux pas tenir tout le monde." Faites-vous vraiment tout ce qu'il faut pour contrôler vos militants ?

Je souhaite que tous les candidats à la présidentielle puissent s'exprimer et soient respectés. Quant à ceux qui mènent des actions violentes, ce sont de petites minorités et ils ne sont pas toujours identifiés.

Pourquoi avoir dit "les Verts sont une secte qu'il faut punir" ?

Je ne l'ai pas dit. J'ai cité un livre de Gérard Bramoullé, intitulé La Peste verte. Les Verts ne sont pas une secte. Qu'un certain nombre d'entre eux soient intolérants et sectaires, c'est vrai, même si ces qualificatifs ne s'appliquent pas à tous. Mais quand Dominique Voynet a expliqué qu'elle resterait d'abord une militante écologiste en devenant ministre, c'est intolérable. On est le ministre de tout le monde.

Votre campagne donne l'impression que vous voulez faire payer à Lionel Jospin son alliance avec les Verts...

Je mets tout le monde dans le même sac. Le premier qui a voulu régenter la chasse et l'environnement s'appelait Michel d'Ornano. La première directive oiseaux, c'est un gouvernement de droite qui l'a prise. Les Verts et Jospin ont voté une loi de déménagement du territoire, mais celle de Pasqua n'était pas mieux. Natura 2000 est une absurdité dangereuse. L'autoroute des pays de Loire ne sera pas construite parce que l'on a trouvé sur le trajet le scarabée pic-prune et c'est la Cour de justice des communautés européennes qui en a décidé ainsi ! Si nous avons pour cible Jospin et les Verts, c'est qu'ils ont pris de mauvaises décisions.

Propos recueillis par Béatrice Gurrey   LE MONDE   10.04.02