Sommes-nous des débiles mentaux?

 

L’annonce d’une prolongation de 10 jours sur février semblait être l’ultime avatar de la saison bécassière 2001-2002.

 

C’est avec un certain détachement que nous apprenons l’obligation de détenir pour cette période un carnet de prélèvement spécial. En tant que chasseur citoyen, épris du respect des lois et des règles, j’envisage de m’y plier volontiers. En ce vendredi 1er février, je prends mon téléphone pour appeler la fédération de l’Eure où je chasse la bécasse. On m’oppose un refus de m’envoyer ce carnet par la poste. Non Monsieur, il faut absolument que vous passiez ici avec votre permis. – Mais pourquoi. – Il faut que nous  inscrivions votre numéro de permis sur le carnet Pourtant je sais à peu près écrire, je devrais arriver à le faire seul. Je travaille en région parisienne, en fait vous me demandez de prendre une jour­née  de congé et de faire à peu près 200 km pour venir chercher ce carnet !  J’espère que réalisez que ce n’est pas simple ET EN TOUT CAS CE N’EST PAS SYMPATHIQUE DU TOUT    Ce n’est pas simple mais c’est comme ça, me répond-on d’une voix très irritée. Là j’ai un moment de découra­gement. Je le dis tout net, j’en ai par-dessus la tête de cette his­toires et je suis prêt à fermer au 31janvier pour avoir la paix. Pourtant je suis malheureux car à cause de ces histoires nous allons manquer notre sympa­thique journée de fermeture où nous nous retrouvons pour griller des côtelettes et faire le point de la saison. Je suis malheureux aussi pour notre club et son merveilleux président Boidot qui ont fait tant d’efforts pour que la raison biologique l’em­porte et nous autorise à chasser en février. Je ne peux pas aban­donner, nos ennemis seraient trop heureux de dire que :  « vous voyez bien que chasser en fé­vrier ne motive pas tant que cela les bécassiers... Ils ne veulent pas se déplacer pour chercher leur carnet”

Alors je regarde si je peux re­pousser un peu de travail cet après-midi et me rendre tout de même à RAMBOUILLET (80 km) au siège de la Ficevy. Je décide de ne pas déjeuner pour y être à l’ouverture et pouvoir très vite retourner à mon travail. L’hor­reur sur place. Des dizaines de mes semblables ont eu la même idée (ndlr :  parmi eux, de nom­breux chasseurs de pigeons ramiers). Une file d’attente immense sort du bâtiment et se déroule à l’extérieur.  Je me rends très vite compte que cette queue va mettre des heures à se résorber. J’apprends aussi que la distribution se fera unique­ment cet après-midi et demain. Pourquoi diable ???

En fait je passe plus d’une heure dans cette queue à méditer sur l’absolue imbécillité de se re­trouver là pour un petit moment de plaisir dans les bois. Il n’y a pas d’autre mot, j’ai honte. Je me dis que si des gens normaux, les gens de mon bureau qui travaillent pendant ce temps-là, me voyaient faire ça, ils me prendraient pour le dernier des débiles mentaux. D’ailleurs, nous sommes des débiles mentaux, des abrutis finis, d’accepter tant de brimades pour faire plaisir à un parti politique faussement préoccupé d’environnement. Ils se gargariseront sans doute du succès de leur carnet mais je ne reviendrai pas l’an prochain. C’est triste à dire. mais une expérience comme celle-ci vous fait donner raison à tous ceux qu’on appelle les extrémistes de la chasse. Nous n’avions pas à subir une telle humiliation et nous aurions tous dû rester à nos occupations et leur laisser leurs fichus carnets sur les bras. Nous savons très bien qu’ils n’ont pas les moyens de contrôler. Nous savons très bien qu’ils profitent de l’atta­chement des chasseurs à res­pecter les lois. Mais au bout d’un moment, toutes ces brimades sur les dates, le piégeage, les armes, le mercredi sans chasse sur les propriétés privées, bien­tôt les espèces soi-disant défavorables, quel dégoût ! Et quel espoir qu’ils payent tout cela un jour...

Cordialement

JP