Manif sur la route des vacances

 

Les chasseurs lèvent les barrières du péage

de Lançon de Provence

 

A l'appel de la fédération des Bouches-du-Rhône quatre cents

personnes ont laissé passer gratuitement les automobilistes hier

matin à la gare autoroutière

 

Claude Giordano, le président de la fédération départementale des chasseurs a tenu ses troupes, hier matin, au péage de Lançon-de-Provence. Pendant plus d'une heure, 4 à 500 chasseurs ont levé les barrières, laissant passer gratuitement les usagers de l'A7. Le préjudice pour les Autouroutes du sud de la France (ASF) se chiffrera en milliers d'euros.           

Les chasseurs ont tenu à se donner l'image de citoyens respectables : "Il faut que notre

manifestation soit exemplaire, a lancé Claude Giordano. Comportons-nous en adultes responsables. Vous savez très bien que la moindre virgule de travers se verra dans les journaux et à la télé." Aussi, les chasseurs se sont-ils livrés à une opération de promotion auprès des automobilistes qui, souvent, ont répondu par un coup de klaxon ou un mot de compassion.

La manoeuvre délicate a été réussie parce qu'elle a été parfaitement orchestrée en amont. La fédération a soigneusement veillé à ne pas mobiliser ses "brebis galeuses". Une dizaine de personnes maximum par société a fait le déplacement pour protester contre les dates de chasses aux gibiers d'eau et aux oiseaux migrateurs. Le Conseil d'Etat, suivi par le gouvernement, n'a autorisé que le tir à la palombe et à la bécasse jusqu'au 10 février,

s'alignant ainsi sur la directive européenne.

 

"Des rapports politiques"

Les chasseurs se sont rassemblés au péage pour demander de pratiquer leur loisir jusqu'au 28 février, estimant qu'ils ne mettent pas en danger la survie des espèces, comme l'ont, a contrario, mis en exergue certains spécialistes : " Ce ne sont pas des rapports scientifiques mais politiques", peste le président de la fédération départementale. "Nous nous rappellerons de ceux qui nous ont aidés au moment des élections", prévient encore Claude Giordano. Mais qui sont-ils précisément ? "Il y en a à droite et à gauche", assure-t-il, mais ils ne peuvent

pas se déclarer au grand jour à cause, à l'en croire, des positions nationales de leurs partis sur la chasse. A quatre mois des élections législatives, la pression des chasseurs monte mais a incontestablement glissé sur le terrain politique. Ils ne peuvent pas se permettre, comme cela a pu être le cas par le passé, de jouer sur le fil du rasoir. Un comportement hors la loi pourrait en effet entraîner une inéligibilité.

Les chasseurs apprennent à vivre dans les habits de la respectabilité.

 

Droit de chasse voulait bloquer le TGV et

perturber le déjeuner du député

 

Le groupuscule extrémiste Droit de chasse était dans la manifestation, hier, à Lançon. Une partie de ses militants, pendant que des tracts étaient distribués au péage, avaient décidé de bloquer le TGV à Ventabren. Ils n'ont jamais réussi à atteindre les voles. Un peu plus tard, ils ont tenté d'aller perturber le repas de Vincent Buroni à Châteauneuf-les-Martiques. Nouvel échec pour le commando d'une dizaine de chasseurs: le député n'était pas à son domicile.

 

 

La journée portes ouvertes compromise

à la Tour du Valat.

 

Le 31 janvier, à Arles, ils étaient un millier à participer à la réunion organisée par l'association départementale des chasseurs au gibier d'eau. Ils décidaient, notamment, d'organiser des manifestations. A 8 heures, hier, devant le local du groupe cynégétique d'Arles, certains ont pris le chemin du péage de Lançon ; d'autres, à l'invitation du président Jean-Marie Scifo, partaient pour la Camargue. Direction le Sambuc et la Tour du Valat. S'y déroulait en effet la seule journée portes ouvertes de l'année, à l'occasion de la journée mondiale des zones humides durant laquelle on attendait 800 visiteurs. Les trois accès à la station biologique ont été bouclés dans le calme par les chasseurs jusqu'à 15 heures.

Les chasseurs avaient choisi ce lieu car des scientifiques devaient s'y rendre. Ainsi "nous noulons dire que la position du ministre de l'Environnement et de Jospin sont intolérables Les écologistes ont profité d'un ministère pour nous affaiblir mais on rendra à César ce qui lui appartient dans quelques semaines, avec les élections! ".

Tous les samedis de février, les chasseurs d'Arles ont ainsi annoncé vouloir entreprendre des actions.

 

A la Tour du Valat, la manifestation des chasseurs a été jugé "anormale ". Pour le directeur Jean-Paul Taris :

"Nous ne sommes pas sereins car on nous empêche de venir travailler. Une minorité agissante a pris pour cible une fondation qui a toujours travaillé dans l'intérêt général. Ce que nous condamnons ce n'est pas chasse, mais les abus de chasse ".

Hier à la Tour du Valat, on déplorait en revanche que le véhicule d'une employée ait été saccagé alors qu'il était stationné sur une draille menant à la station biologique.