CHASSE A LA PALOMBE
Un jugement qui fera
date
Hier
matin, trois chasseurs verbalisés le 24 février 2001 pour avoir dépassé la date
de clôture ont été jugés au tribunal de police de Condom. Dehors, 300 chasseurs
ont manifesté leur colère
Par : JEAN-MICHEL LE BLANC
Hier matin, dès 8
heures, les chasseurs se sont rassemblés devant le tribunal de police de condom
où trois des leurs devaient comparaître pour avoir été verbalisés dans une
palombière le 24 février 2001, trois jours après la fermeture officielle dans le
Gers de la chasse aux migrateurs.
A l'heure du jugement, environ 300 personnes assuraient
l'ambiance à l'extérieur du tribunal, au grand dam des pigeons de la cathédrale,
effrayés par les pétards. Avant qu'une vingtaine de personnes entrent dans la
salle d'audience, Christian Touhé-Rumeau maire Chasse pêche nature et tradition
de Mouchan s'est chargé de résumer la situation au micro, fustigeant le
gouvernement et le ministère de l'environnement « qui est devenu le siège social
des Verts ». Le député-maire de Mauvezin Yvon Montané en a lui aussi pris sur
son grade... il ne fait pas bon chasser sur les mêmes terres électorales que
Christian Touhé-Rumeau.
Contraste dans la salle du tribunal. Dans un silence religieux, la tête
basse, les trois accusés répondent timidement à la présidente Guilhen. «
Pourquoi aviez-vous des appelants installés et des fusils chargés alors que vous
dîtes que c'était juste une façon pour vous de manifester votre mécontentement
contre la date de clôture de la chasse ? » « Nous n'avons pas attrapé de
palombes », se contente de répondre Francis Courralet. « Et si une palombe était
passée par là ? », interroge la présidente. « Je ne sais pas... », reconnaît
l'accusé. Les deux autres prévenus, Roger Espié et Christian Soubiran, ne seront
pas plus loquaces.
Le
procureur, Jean-Francis Créon était curieux de savoir pourquoi Francis Courralet
avait parlé de « provocation » quand il avait été verbalisé. « Quelques jours
auparavant, à la foire de Barcelonne-du-Gers, le préfet et le président du
Conseil général nous ont donné le feu vert en nous disant que nous ne serions
pas inquiétés si nous chassions jusqu'à la fin février », répond l'intéressé.
Des propos que n'a pas
retenus le ministère public, précisant « qu'il ne s'agit pas du procès de la
tradition, mais d'un trio d'individus qui ne respectent pas la loi ». Pour « les
sortir de leur bulle et leur ouvrir les yeux », Jean-Francis Créon a requis pour
chacun 250 euros d'amende et dix-huit mois de retrait du permis de chasse.
Leur défenseur, Me
Robert Malterre, également avocat de Chasse pêche nature et tradition a tenu à
replacer l'infraction dans son contexte, « ce flou artistique, juridique qui
règne depuis des années autour des dates de fermeture de la chasse. D'ailleurs,
le législateur était d'accord pour chasser jusqu'à la fin février et si le
Conseil d'Etat en a décidé autrement, c'est à cause d'une directive européenne
datant de 1979. Si cela se trouve, avec le changement à la tête de la commission
européenne, l'an prochain il sera à nouveau possible de chasser jusqu'à la fin
février. »
Me Robert
Malterre a également expliqué que ses clients faisaient bel et bien acte de
présence dans la palombière « tout comme les gendarmes sont descendus dans la
rue pour exprimer leur mécontentement ».
Le jugement sera rendu le 2 mai prochain, à 9 h 30.