Rendus furieux par les dates de chasse, les chasseurs ont appelé Matignon à réagir. Vite
Les dirigeants de la chasse ont estimé hier que la loi chasse avait créé des contentieux et un mécontentement "dramatiques" chez les chasseurs et appelé le Premier ministre à réagir, faute de quoi il pourrait en payer les conséquences lors des élections présidentielle et législatives.
"Le mécontentement des chasseurs est palpable et très sensible, il n'y aura pas besoin de 1,5 million (de suffrages de chasseurs) pour faire inverser le cours des choses" à la présidentielle et aux législatives, a observé le vice-président de la Fédération nationale des chasseurs (FNC), Henri Sabarot. " Dans une élection, il y a parfois un demi-point qui pèse davantage que 10 autres et souvent des présidentielles
se règlent à 49-51 voire 49,5 - 50,5", a-t-il averti.
Chasse en ébullition
"Les associations (écologistes, ndlr) se sont engouffrées dans la porte ouverte" par la loi chasse 2000, en attaquant les arrêtés préfectoraux sur l'ouverture anticipée de la chasse au gibier d'eau et autres oiseaux migrateurs, a déclaré pour sa part le président de la FNC, Charles-Henri de Ponchalon. Les tribunaux administratifs ont "jonglé avec leur décision, ne voulant pas contredire la décision du tribunal d'à-côté" et "se sont
alignés" sur la décision la plus défavorable aux chasseurs.
Le président de la FNC a relevé que le Premier ministre Lionel Jospin désormais "tricote un peu là-dessus" mais il s'est gardé de toute allusion politique directe. "Il va falloir qu'on remette les pendules à l'heure si on ne veut pas avoir une chasse en ébullition" en permanence, a-t-il cependant mis en garde.
Pour Me Charles Lagier, avocat de la FNC, nouvelle structure créée par la loi chasse pour défendre les intérêts des chasseurs auprès du gouvernement, il y a " un risque considérâble " que la situation des dernières semaines, attaques contentieuses des écologistes et contre-manifestations des chasseurs, ne se reproduise début 2002 lors de la clôture de la chasse, c'est-à-dire à la veille des élections.
Tentant de trouver une voie moyenne entre les 1,4 million de chasseurs français et les écologistes, le gouvernement a fait adopter l'an passé une loi qui reprend les principes, de protection de la directive (loi) européenne de 1979 sur la protection des oiseaux sauvages, mais ne fixe plus, contrairement aux lois antérieures, les dates d'ouverture et de clôture de la chasse à ces gibiers dans chaque département.
Me Lagier a estimé indispensable de "revenir sur le système" choisi qui donne au préfet le pouvoir de fixer ces dates "pour éviter la perturbation des périodes de chasse et les contentieux".