Dominique Voynet tente d'assurer son élection à la tête des Verts
Noël Mamère se dit prêt à faire équipe avec la ministre de l'environnement
LE MONDE - 22.06.01
Avant le conseil national des Verts, qui se tiendra samedi 23 et dimanche 24 juin, Dominique Voynet cherche à assurer son élection au poste de secrétaire nationale de son parti. Noël Mamère, battu dans la primaire par Alain Lipietz, se dit prêt à la soutenir car, pour lui, si Mme Voynet n'est pas élue, "c'est une catastrophe pour les Verts." Le report de l'élection devrait être proposé au conseil national par les amis de Guy Hascoët.
OÙ EN EST la saga des Verts ? "Au milieu de nulle part !", s'écriait un membre du collège exécutif des Verts, jeudi 21 juin. L'onde de choc provoquée par la désignation d'Alain Lipietz comme candidat des Verts à la présidentielle n'a pas fini de se propager (Le Monde du 22 juin). A la veille d'un conseil national déterminant pour elle, les 23 et 24 juin, Dominique Voynet essaie de recoller les morceaux et de retrouver une majorité, alors qu'elle espérait, il y a peu, être confortablement élue secrétaire nationale de son parti.
Jeudi matin, avant de rencontrer pendant une heure Lionel Jospin, avec lequel elle a évoqué la date et les conditions de son départ du gouvernement, la ministre de l'environnement s'est entretenue avec le perdant de la primaire, Noël Mamère. Beau joueur mais pas naïf, le député de Gironde a dit à MmeVoynet ce qu'il pensait de sa conception de la neutralité dans la bataille qui l'a opposé à M. Lipietz. Dont acte. La ministre a admis qu'elle n'avait pas prévu la victoire de ce dernier et a proposé au perdant un ticket Mamère-Voynet. C'est ce qu'elle devrait défendre, samedi, devant ses troupes.
Pour M. Mamère, cette solution paraît la meilleure. Les deux dirigeants Verts veulent renforcer la fragile majorité sortie du congrès de Toulouse, qui donne aux petites tendances un grand pouvoir, leur permettant de jouer en toutes occasions les charnières.
Le maire de Bègles s'est donc engagé à mettre tout son poids pour soutenir
la ministre. "Je dirai qu'il faut qu'elle soit secrétaire nationale de ce
parti. Si elle n'est pas élue samedi, c'est une catastrophe pour les
Verts", déclare M. Mamère. "Nous serions totalement irresponsables
d'attiser le feu", ajoute-t-il, alors que s'annoncent de difficiles
négociations pour les élections législatives. Pour lui, un accord avec le
PS s'avère indispensable si les Verts veulent être l'axe d'une nouvelle
majorité de gauche. La ministre pourrait donc accepter de partager la
responsabilité de ces négociations avec M. Mamère et un des proches de
celui-ci, Sergio Coronado.
L'élection de Mme Voynet au poste de secrétaire nationale n'est pas acquise pour autant. Les amis de Guy Hascoët ? dont l'attelage avec M. Mamère apparaît désormais incertain ? ont demandé un report de l'élection.
Le collège exécutif des Verts a voté, jeudi, sur cette question: 6voix
contre 6. La demande de report sera donc soumise directement samedi aux
militants. Maryse Arditi (Vert écolo) s'y dit personnellement favorable.
Martine Billard (Autrement les Verts), aussi. En revanche, les amis de
Marie-Christine Blandin se montrent beaucoup plus réservés. Dans un parti
qui se met à voter à 50-50 sur tout, les surprises sont permises.
L'entourage de MmeVoynet craint beaucoup le pourrissement de la situation
si ce report était voté. Etant données les incertitudes qui pèsent sur
elle, la ministre ne devrait pas quitter le gouvernement avant le comité
interministériel d'aménagement du territoire du 9 juillet, contrairement à
ce qui était prévu.
"BESOIN D'UNE MAMAN" MmeVoynet a reçu le soutien d'Alain Lipietz, qui a expliqué, sur
France-Info, qu'elle est "la meilleure" pour diriger les Verts. "En pleine
crise de croissance, ils ont besoin d'une maman pour les materner", a
déclaré le député européen, ajoutant que, dans la rude négociation pour
les législatives, "il faut vraiment une lionne, il faut quelqu'un qui
puisse résister, voire mettre en pièces les secrétaires nationaux Robert
Hue et François Hollande".
Jean-Pierre Chevènement s'est alarmé, sur BFM, du "poids croissant des
Verts", de leur "capacité de chantage", estimant que Lionel Jospin "ne
maîtrise plus sa créature". Pendant ce temps, Corinne Lepage confirmait,
sur Europe 1, son intention d'être candidate à l'élection présidentielle,
indiquant qu'elle se donnera "tous les moyens pour aller jusqu'au bout".
Brice Lalonde, qui a toujours "envie d'en découdre", affirmait, lui, sur
RMC que "beaucoup d'écologistes ne se reconnaissaient pas" dans l'"ancien
gauchiste" Alain Lipietz.