Les Verts devront panser leurs plaies pour convaincre. Voynet a toujours autant besoin d’oxygène.
Pour Mamère : Les conditions du rassemblement ne sont pas réunies
Les Verts, désormais conduits par Dominique Voynet, vont devoir panser leurs plaies et se montrer plus unis pour convaincre, d'ici la présidentielle et les législatives de 2002, de la légitimité de leurs ambitions électorales.
L'élection aux forceps de Mme Voynet, à une voix près, après avoir été mise en difficulté par Stéphane Pocrain, qui s'est acquis ainsi une nouvelle dimension chez les Verts, n'est pas de bonne augure quant à sa capacité à réunir une majorité pour changer les structures du parti.
Sur le plan politique, élue avec difficulté secrétaire national des Verts, ce qui ne la place pas en situation idéale, pour aller négocier cet été en position de force face au Parti socialiste, l'accord électoral et programmatique pour les législatives. Elle souhaite que les Verts "grandissent, qu'ils mûrissent, mais sans perdre leur impertinence et leur audace...". Elle espère négocier "un bon accord" avec le PS pour les législatives de 2002 et rappele qu'elle décidera "à l'automne" si elle se présente.
Elle estime, cependant, avoir "largement" rempli son contrat au ministère de l'Environnement, qu'elle doit quitter début juillet, et avoir "tiré le meilleur parti des opportunités offertes" au cours de ses quatre années passées au gouvernement.
"Je n'ai jamais pensé que j'étais dans un gouvernement écolo et que j'allais imposer mon point de vue à chaque instant", explique-t-elle dans son premier long entretien avant son départ, accordé au magazine féminin Elle paru lundi.
Mme Voynet, qui dit avoir "souffert de l'absence d'un lobby de l'environnement", souhaiterait que l'on retienne de son passage au ministère la loi sur l'eau, mais elle se dit "également fière" de celle sur la chasse. "Les mesures les plus médiatisées n'ont parfois aucun intérêt sur le plan environnemental", rappelle-t-elle, estimant ainsi que la mise en place de la pastille verte dans la loi sur l'air a "beaucoup moins" amélioré l'environnement que le programme de durcissement des normes sur les moteurs et les carburants.
Noël Mamère, candidat malheureux à la candidature présidentielle pour les Verts, a fait part de son inquiétude sur l'avenir de la formation écologiste, dont il a estimé qu'aujourd'hui "les conditions du rassemblement ne sont pas réunies".
"L'élection difficile de Dominique Voynet la fragilise tout autant que le parti, elle n'a plus le même espace politique au sein des Verts", a noté M. Mamère au forum RMC, "et ce n'et pas bon pour préparer deux échéances essentielles que sont la présidentielle et les législatives".
Je pense qu'aujourd'hui les conditions ne sont pas du tout réunies pour le rassemblement que veut opérer Mme Voynet , c'est ce qui m'inquiète beaucoup", a-t-il dit, regrettant qu'un courant "pas majoritaire accapare" les principaux postes de responsabilité.
Interrogé sur le rôle qui serait le sien à l'avenir chez les Verts, M. Mamère s'est estimé "incontournable". "Le pôle de stabilité ne pourra se construire que sur un axe qui va de Voynet à Mamère. Je dois être tout naturellement associé aux discussions qui vont avoir lieu avec nos partenaires de la gauche plurielle, en particulier le parti socialiste. Les Verts ne seront pas compris de la société et n'avanceront pas s'ils n'ont pas cette capacité à se faire comprendre de l'ensemble de la société, et ça je crois que moi je peux l'apporter. Nous sommes dans un moment où il faut qu'on recolle les morceaux. Si nous ratons les journées d'été comme nous venons de rater ce CNIR, alors je crois que nous aurons beaucoup de difficulté à réussir ce que nous voulons aux présidentielles et aux législatives, et nous pourrions même, si nous échouons aux législatives, contribuer bien malgré nous à l'échec de la gauche, alors que je pense que les Verts peuvent être le moteur de la gauche".
Plus inaperçu, mais finalement tout aussi importante, aura été la décision prise dimanche par le Conseil national de soumettre un éventuel accord avec le PS à un congrès fédéral les 8 et 9 décembre. C'est à cette occasion que les Verts devraient défaire la motion du congrès de Toulouse interdisant tout accord avec le PS pour les législatives de 2002 si une dose de proportionnelle n'était pas instituée et entériner l'accord Verts-PS.
